jeudi 28 juillet 2011

Transition (au fait, tu sais ce que tu vas faire ?)

-Le père : au fait tu sais ce que tu vas faire? 
-Le fils : non c'est encore trop tôt, il faut attendre de voir ce qu'il est possible de faire.
-Le père : mais tu dois bien avoir une idée quand même ...
-Le fils : oui, je travaille sur quelques pistes
-Le père : Lesquelles?
-Le fils : par exemple entraîner les taïkonautes à la survie interculturelle au cas où ils retomberaient au milieu de l'Afrique Noire ou de la cordillère des Andes, ou autre option lancer la ligue internationale de défense des défenses d'éléphants en y impliquant une grande star hollywoodienne (je suis en contact avec Eva Mendes, enfin avec un gars qui bosse pour les studios de Luc Besson et qui lui connaît untel qui connaît son agent, bref Eva elle va m'aider) ou bien alors si ça prend l'eau je pense à faire Magicien à Macao, il existe une école inconnue où je peux apprendre tous les trucs et les tours de passe-passe en un temps record, d'ailleurs là je dois prendre l'avion et fuir ces gaz mortels, ah si je pouvais les changer en parfum de rose, bon je te laisse Macao m'attend ,je te raconterai...

Le père le regarda prendre son sac et partir avec un bref au revoir, se demandant comment il pouvait se sentir à ce point éloigné de son propre fils qu'il considérait comme fou (comment peut-il penser à de tels projets? et pis, comment peut-il croire les réaliser? Il ne parle pas chinois, je ne crois pas avoir noté chez lui un intérêt quelconque ou au moins suffisamment soutenu pour l'astronomie, connaîtrait-il encore les animaux sauvages aussi bien que moi qui ai parcouru toutes les réserves de la Zambie à la Namibie....) tout en se disant qu'il ressentait une pointe d'admiration ou de fierté, aussitôt balayée par le seul jugement qui pouvait bien le rassurer dans ce qu'il lui restait d'autorité : "non, il n y arrivera pas et je vais lui démontrer pourquoi". Sur ce, il pensa immédiatement qu'il était urgent d'aller nettoyer le monospace maintenant s'il ne voulait pas arriver trop tard à la boulangerie. S'il était en retard une nouvelle fois sa femme ne lui pardonnerait pas.

Le fils, lui, avait voulu partir vite, sachant que son père ne comprenait jamais rien à sa démarche, pourtant somme toute logique avec le personnage : voyager, rêver, rire, sourire, donner une perspective hors de l'immense rouleau du  métro-boulot-dodo qui t'entraîne à devenir triste, casanier, et à économiser toujours quelques centimes de plus pour ce pavillon de merde que tu crois être l'aboutissement ultime d'une vie où tu as courbé l'échine sans jamais te poser la seule et unique question qui vaille sur cette putain de planète : comment être moi? Je suis surfeur!, avait-il crié intérieurement et ce rouleau, je vais le dompter et en faire une figure artistique que les juges sans repère essaieront vainement de noter. Sans aucun doute, la liberté était un virus qu'il voulait transmettre et en ce moment il avait besoin d'un rappel. Il avait bien essayé de motiver ses parents à voir les choses autrement, à briser sans cesse les chaînes de leur passé pour voir que devant il y avait du neuf, nécessairement inconnu, mais c'était peine perdu voire couru d'avance car pour croire un fou, il faudrait être fou soi-même.

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