mercredi 3 août 2011

A Macao, à l'école de Magie

Alors Janice Na-Tcha
la fausse hôtesse de l'air
la vraie magicienne
me remit en main
le grimoire
un bouquin gros
comme ça
devant tour à tour
m'apprendre
comment tordre
le cou au destin,
compter,
empalmer,
réciter les boniments
imparables
ou le transformisme
incroyable
de Maître Yoshi
(vous savez ce japonais
qui au dix-neuvième siècle
pouvait se changer
en serpent)
à mi-chemin entre
le magicien, le roi de la
cabbale et
l'illusioniste roi de
l'escamotage.

-Janice, je te préfère en PNC
quand tu fais démonstration
des consignes de
sécurité
je suis peut-être le roi de la
cavale mais ne compte pas
sur moi pour la cabbale!

-M. Polo, nous avons retrouvé
dans votre poche la carte du
bateleur : tout est dit.

- Tout est dit ? Nous ?

- M. Polo, vous avez un destin

- Oui, et vous m'apprenez justement
à lui tordre le cou

- M.Polo, connaissez-vous Ramon Mercader?

- Oui, le catalan qui a tué Trotski au Mexique, je connais
l'Histoire, merci, j'ai lu l'Homme qui aimait les chiens

-Alors vous savez qu'il trouva le piolet planté dans un tronc
d'acajou le jour où il se promenait à son motel

-Oui...

-Votre piolet, M.Polo, c'est cette carte (elle montre le bateleur)
il existe deux autres cartes qui ne se sont pas encore révélés
mais que vous devez faire apparaître lors de votre séjour à Macao
car nous sommes persuadés que vous êtes programmés pour une
trajectoire grandiose.

(Je repense à Jacques Mornard, Frank Jacson, Roman Pavlovitch, les
nombreux noms d'espions du soldat 13 et son entraînement dans le bois
de Malajovska)

-Nous ce serait pas le Cercle des poètes chinois disparus?

(C'est pendant un rêve là-bas à Canton que j'ai vu de la robe de la gitane
tomber ces trois cartes dont me parle Janice, que je revois encore dans son
corset violet de la Thai Airways, me servant sur un plateau les petits chous
à la vapeur farcis de tant de surprises)

-Nous avons liquidé le docteur Shan, il faisait du mauvais boulot. Vous ne
voulez pas faire du mauvais boulot, M.Polo ?

-Bien sûr que non, je ne veux même pas faire de boulot. Je suis un poète
qui voyage librement, c'est tout, j'aspirais me former un peu à la
prestidigitation parce qu'il faut bien vivre et que les vers ne rapportent pas
mais vraiment, loin de moi, l'idée de devenir la main pleine de sang
d'un complot international.

Janice déboucla alors sa ceinture et se jeta sur moi, avec une vigueur presque
érotique
pour me faire avaler une minuscule pilule rouge qu'elle eût la bonté de faire passer
avec un trait de scotch
suivi d'un long baiser appuyé de ses lèvres légères.
Cela devait faire partie du plan.

-Dors, Jack.

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