mercredi 24 août 2011

Quelque part en Belgique, trois Bretons terminent un chantier

C'est un champs d'algecos quelque part en Belgique au milieu des tulipes importées du plat pays ou alors de Biélorussie.  Aucune certitude. Il se dégage quand même une mélancolie slave mais on pourrait la dire belge aussi. C'est la fin du chantier. On allume un brasero, ça devrait bientôt être la fête comme à la maison se disent Yohann, Loïc et Renan, les contremaîtres bretons. L'ouvrage d'un blanc immaculé a mobilisé plusieurs centaines de charpentiers, soudeurs et boulonneurs du monde entier. Les larmes de fatigues ont rendu le terrain acide, Yohann est aphone d'avoir trop crié dans le talkie-walkie, il ne pense qu'à une seule chose : faire le vide. Ses deux frères (enfin Loïc n'a pas le même père mais le petit dernier est quand même un sacré pilier de la fratrie toujours partant pour de nouvelles aventures c'est lui qui avait motivé le reste de la troupe pour ce chantier : vous vous rendez compte la nouvelle travée du Recouvrance, inratable, c'est notre chance !) dansent autour d'une bouteille de cidre en admirant l'ouvrage qui leur a pris des mois, des peurs et des pages. Elle supportera le poids des rames du futur tram, se lèvera à cinquante mètres pour laisser passer les plus gros vraquier, bref elle fera la fierté de tous les Brestois et surtout de moi, précise Loic, pas peu fier et visiblement enchanté par l'atmosphère de fin de chantier. Depuis leur enfance qu'ils associent au goût acidulé des kremas et aux jeux de pirates dans le jardin de leur grand-mère à l'entrée de Kersaint, les trois frères sont inséparables. Il est donc normal, au long bruit sourd de la corne de brume annonçant la fin définitive des travaux et le rappel de tous les ouvriers pour les festivités, que tous les trois tombent dans les bras les uns des autres. Lourdement. Yohann après avoir demandé leur attention d'un léger mouvement d'index leur dit ensuite tout bas, presque en chuchotant avant de finir avec ce qu'il lui reste d'exclamation : les gars, barbeuc' avec les collègues et c'est parti pour un mois de fiesta en España!

Ils exultèrent alors bruyamment tous ensemble à la we-are-the-champions-my-friends et surent dans l'instant qu'ils allaient se souvenir à vie ou au moins pour très longtemps de ce long moment de bonheur dans les champs. C'est une certitude.  

Plus :
http://www.letelegramme.com/local/finistere-nord/brest/ville/pont-de-recouvrance-travee-en-vue-au-large-d-ouessant-12-07-2011-1364583.php


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