jeudi 25 août 2011

A Milan, on retrouve l'homme au cou de taureau

On retrouve l'homme au cou de taureau à l'automne quelques mois après la mort du jeune Loic Kervadec "sauvagement assassiné" dans une auberge catalane. Il n'est pas encore le hobo stellaire fuyant vers Guadalajara ville dont il ne soupçonne même pas l'existence. Il ne semble également pas se souvenir de Lloret de mar et s'il devait dire quelque chose à ce propos il dirait probablement "un accident". Il ne sait même pas d'où il vient et pourquoi il est là. Son histoire est peut-être à chercher dans les tatouages mais ils pourraient être aussi bien gitans que maoris, c'est ce qu'il se dit souvent au fond de lui. Il devrait alors penser à chercher sa fiancée quelque part dans un village des Carpates contre une belle dot aux parents ou en remontant patiemment un lagon azur bordé de plantes tropicales pour se présenter devant sa promise, et cela fait une différence. Sa langue ? Il ne parle pas. Ou quelques mots à peine, pas assez pour remonter l'arborescence linguistique et mettre une origine sur son visage. L'homme au cou de taureau que nous appellerons désormais Paco n'a rien d'espagnol même si on le prendrait volontiers pour un maure, un andalou trapu dont le physique impressionnant est le résultat de plusieurs années de travaux dans les champs. Au contraire de tout ce qu'on attend de lui, Paco made in quelque part dans le monde travaille aujourd'hui sur un défilé de Salvatore Ferragamo. Dieu seul sait comment il a pu décroché ce job qui pour autant lui va comme un gant. Il est posté au début du podium et contrôle que rien ne gêne la sortie des mannequins droguées à la vodka-valium, chancelant comme des brindilles nues sous le regard lascif et/ou cocaïné de centaines d'invités. Il repousse la caméra de Fashion TV indésirable ici en cas d'alerte incendie, il vérifie les badge de quelques VIP habilités à entrer backstage, il suit le trajet des spots bleus éclairant le sol laqué au rythme du dernier tube de Lady Gaga, et quand maladroitement il aperçoit un model parvenant à peine à soutenir le bracelet qu'elle porte à la main il voudrait la libérer tout de suite car cela lui rappelle..cela lui rappelle quoi au juste ? Il n'arrive pas à s'en souvenir. Bien bel homme dans son smoking tiré à quatre épingles il ne porte pas d'oreillettes comme la plupart de ses collègues. Pas besoin de demander du renfort, il doit agir seul (bien sûr dans la limite de certaines règles très strictes que lui a édicté le responsable du défilé, un certain Rocco qui va t'on savoir pourquoi a vu en lui le gorille parfait pour régner sur sa jungle). C'est maintenant l'entrée de la mariée il ne voit pas sa robe mais la devine élégante au crépitement des flash, et surtout au son de la musique classique qui enveloppe la salle ce n'est plus l'infame Lady Gaga cette musique est douce et calme et lente on dirait presque une musique de retrouvaille quand le héros rentre chez lui à travers une longue épopée et qu'il retrouve sa femme, ses enfants qui l'ont attendu et lui ont survévu (sauf qu'il découvrira ensuite que les choses ne sont pas si simples). Salvatore fini alors par entrer en scène, attention c'est l'acmé, mobilisation générale parmi les bodyguards, il ne faut en aucun cas qu'il arrive quoique ce soit au patron dont le visage a été plus de fois lifté qu'une pauvre petite balle de Roland par Rafael Nadal. Applaudissements. Reprise. Applaudissements de nouveau. Le rideau tombe pour de bon. A ses pieds il découvre un journal jeté pour lui expressément : El Pais titre en police Majerit à larges caractères : "Deux frères relance la piste du boucher de Lloret".

Plus:
http://www.ftv.com/


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